Les paradoxes du plein air
Mathieu Perreault - La Presse - Soumis le 21 Juin 2008
Plein air rime avec santé. Mais les adeptes de plein air ne sont pas moins stressés ni plus minces que les autres québécois, et ils sont à peine plus heureux. Ces résultats d'un sondage Écho-La Presse-Géo Plein Air peuvent surprendre. Mais ils montrent que la randonnée et le vélo ont la cote et qu'on peut être à la fois actif et en santé tout en faisant un peu d'embonpoint.
La moitié des Québécois font du plein air. Mais ils ne sont pas plus minces ni moins stressés, et ils sont à peine plus heureux que ceux qui n'en font pas. Seule consolation, ils sont plus en santé.
Tels sont les faits saillants d'un sondage Écho-La Presse-Géo Plein Air, qui fête cette année ses 20 ans avec une série de dossiers. On y apprend que les adeptes de plein air en font en moyenne 2,4 fois par semaine et que les deux tiers des Québécois voudraient en faire plus. Et qu'il n'y a pas de différence statistiquement significative entre les taux d'obésité des adeptes de plein air et ceux des autres Québécois.
«Ça nous a beaucoup surpris de voir que les gens qui font du plein air ne sont pas vraiment plus minces, qu'ils sont plus stressés et qu'ils fument davantage, explique le sondeur André Poirier. Mais en y regardant de plus près, ça s'explique facilement. Les gens qui font du plein air sont plus susceptibles d'être jeunes, instruits, d'avoir des enfants et un bon revenu. C'est ce qui est associé au stress et au tabagisme. Une fois qu'on contrôlait ces facteurs, toutes les relations négatives tombaient. Il ne restait que les relations positives qui font que le plein air mène à la santé et à un taux moins élevé d'obésité qui n'apparaît que sur les analyses plus poussées.»
Le plein air n'est d'ailleurs pas une panacée contre l'embonpoint, note Bertrand Nolin, kinésiologue à l'Institut national de la santé publique du Québec. "Ce n'est souvent pas le type d'activité cardiovasculaire qui fait brûler beaucoup de calories. Oui, on est en forme en faisant de la randonnée et du cyclotourisme. Mais ça n'empêche pas d'avoir des kilos en trop."
Parmi les amateurs de plein air, 74% se disent heureux, comparativement à 73,5% chez les autres. Il y a donc moins de différence entre eux qu'entre les femmes et les hommes (74,8% et 72,2%), les citadins et les campagnards (74% et 72,9%) ou les couples avec ou sans enfants (73,3% et 75,2%). Les chiffres pour le revenu progressaient en dents de scie, alors que l'âge avait une courbe en U, les jeunes et les vieux étant plus heureux que les gens dans la force de l'âge. Pour ce qui est du tour de taille, les personnes faisant de l'embonpoint étaient légèrement plus heureuses (74,6% contre 74%) que les gens de poids normal ; les obèses fermaient la marche avec 69,9%.
La pratique du plein air était définie de manière restrictive: il fallait par exemple faire 25 km ou deux heures de vélo pour accumuler une séance, ou se rendre en forêt ou en montagne pour qu'une randonnée compte. Plus des deux tiers des adeptes de plein air font de la randonnée, près de la moitié du vélo, 23% du canot et 17% du vélo de montagne. Ensuite viennent l'équitation, le canot-camping, le kayak de rivière, la plongée, le kayak de mer, le cyclotourisme, l'escalade et la spéléologie.
Le sondeur André Poirier fait un portrait-robot des amateurs de plein air. Les femmes sont surreprésentées dans le ski de fond, font du plein air pour être en santé, respectent les consignes écologiques et sont moyennement satisfaites de leur travail. Les hommes forment l'essentiel des amateurs de vélo de montagne, de canot-camping et d'escalade, pratiquent le plein air pour rencontrer des gens et avoir des émotions fortes, sont indisciplinés au plan écologique et n'ont pas nécessairement une saine alimentation.
La proportion d'adeptes de plein air est plus élevée chez les hommes (61% par rapport à 47% chez les femmes) et diminue au fil de la vie (69% dans la vingtaine, 59% dans la quarantaine et 24% dans la soixantaine).
OBÉSITÉ
Plus on est gros, plus on dépense d'argent pour faire du plein air. Les obèses dépensent 760$ par année, comparativement à 715$ pour ceux qui font de l'embonpoint et 430$ pour les personnes de poids normal. Le sondeur André Poirier n'arrive pas à s'expliquer cette différence.
Montréal 6,3%
Montérégie 10,3%
Laurentides et Lanaudière 10,1%
Région de Québec 6,0%
Moyenne provinciale 10,3%
PROPORTION DE LA POPULATION QUI EST OBÈSE.
MÉTHODOLOGIE : ce sondage a été réalisépar ÉCHOpour lecompte de La Presse et Géo Plein Air en mars et avril 2008. Soixante-quinze questions ont été posées à 1531 Québécois, dont la moitié étaient des adeptes de plein air. Les questions relatives à la santé ou à la satisfaction proviennent de Statistique Canada. La marge d'erreur globale est de 3 points, 19 fois sur 20.
Qui fait du plein air ?
Montréal 51%
Montérégie 53,4%
Laurentides et Lanaudière 49,8%
Région de Québec 55,4%
Ville 49,6%
Banlieue 56,5%
Campagne 53,1%
Habitant près d'un cours d'eau ou en forêt 62,5 %
46,7% DES FEMMES FONT DU PLEIN AIR
60,7% DES HOMMES FONT DU PLEIN AIR
REVENU
Revenu familial inférieur à 20 000$ > 33,5%
Revenu familial supérieur à 100 000$ >71,4%
PROPORTION DE LA POPULATION QUI A FAIT DU PLEIN AIR DURANT LA DERNIÈRE ANNÉE.
SANTÉ
Montréal 16%
Montérégie 9%
Laurentides et Lanaudière 6%
Région de Québec 8%
PROPORTION DE LA POPULATION QUI EST EN EXCELLENTE SANTÉ.
Source: http://www.cyberpresse.ca/article/20080621/CPENVIRONNEMENT/806211028/6108/CPENVIRONNEMENT Soumis par: Stéphane Catégorie: Actualités Lectures: 2146
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