Les DEPB dangereux pour la santé humaine et les bélugas
Baleines en direct - Soumis le 14 Mars 2008
Les résultats de l'étude menée par Larissa Tasker, spécialiste en toxicologie environnementale de l'Université de Sherbrooke, révèlent que les diphényléthers polybromés (DEPB), ces substances chimiques ignifuges entrant dans la fabrication d'un très grand nombre de nos objets courants, peuvent affecter le développement cérébral du fœtus et la fonction thyroïdienne de l'humain. De plus, cette exposition expérimentée sur des rats de laboratoire montre que les DEPB provoquent l'atrophie de la glande surrénale et une diminution de la corticostérone, deux éléments essentiels qui permettent à l'organisme de s'ajuster au stress.
Des substances interdites en Europe
En Amérique du Nord, le taux de DEPB dans le lait maternel des femmes double tous les cinq ans ainsi que sa présence dans l'environnement. Si la production de ces substances est interdite, leur utilisation et leur présence dans les produits manufacturés importés ne sont pas réglementées. Larissa Tasker prône l'urgence de bannir totalement les DEPB comme cela a été fait en Europe. Ces molécules composant les DEPB fonctionnent comme des messagers chimiques fabriqués par le corps humain et ont un impact particulièrement dangereux même si elles sont présentes dans une quantité infinitésimale.
Présents partout dans notre environnement quotidien, les DEPB servent à réduire l'inflammabilité des objets : tapis, sièges de voiture, ordinateurs, radios, gaines de fils électriques, jouets pour enfants, mobilier, matériaux de construction, meubles rembourrés…. Ils se diffusent dans l'air, dans l'eau, se propagent à travers la planète et sont donc absorbés par les organismes vivants. Et selon le processus de bioaccumulation, plus on est en haut de la chaîne alimentaire, plus on accumule. Ce qui est le cas des humains et des bélugas du Saint-Laurent.
Le béluga plus contaminé que le Saint-Laurent
Dans le Saint-Laurent, le taux de DEPB a doublé en dix ans, selon les relevés d'Environnement Canada effectués depuis 1995. Ces substances, qui appartiennent à la famille des organobromés, se trouvent dans les sédiments où vit l'essentiel des proies dont les bélugas se nourrissent, les poissons de fond. Le béluga est particulièrement exposé parce qu'il est le seul cétacé à vivre à l'année dans le Saint-Laurent et que sa durée de vie est longue (70 ou 80 ans). Selon les études réalisées par le chercheur Michel Lebeuf de l'Institut Maurice-Lamontagne entre 1988 et 2002, le taux de DPBE dans l'organisme des bélugas double tous les trois ans.
Depuis une trentaine d'années, la quantité de contaminants comme le BPC, le DDT et le Mirex a diminué grâce à la mise en place de réglementations. Mais avec une durée de vie de plusieurs décennies, ils persistent dans l'environnement et dans les tissus des bélugas, notamment par leur transfert de la mère au baleineau lors de la gestation et de l'allaitement. Avec l'arrivée des DEPB comme nouveaux contaminants dans son habitat, le béluga cumule aujourd'hui les polluants actuels et ceux du passé. Ainsi, malgré une certaine amélioration des eaux du Saint-Laurent, cette population n'aurait jamais été aussi contaminée. Inscrite sur la liste de la Loi sur les espèces en péril du Canada, elle ne se rétablit pas malgré les réglementations visant à protéger son habitat, l'absence de prédateur et l'arrêt totale de la chasse depuis 1979. Cette contamination pourrait être un facteur majeur du fait que la population n'augmente pas depuis une trentaine d'années.
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