Projet de port pétrolier à Cacouna: un danger pour les bélugas
Véronik de la Chenelière - Soumis le 2 Mai 2014, 12:57
Sept points pour comprendre ce dossier complexe
- Au large de Cacouna, dans une aire comprise dans l'habitat essentiel
du béluga, TransCanada procède ces jours-ci à des activités
géophysiques (sondages sismiques par ondes sonores) et a obtenu
l'autorisation de Pêches et Océans Canada d'effectuer dans les
prochaines semaines des activités géotechniques (forage).
- TransCanada procède aux activités géophysiques dans le cadre d'un
avis scientifique de Pêches et Océans Canada, qui a jugé que les travaux
présentent des risques majeurs pour les bélugas et a imposé des limites
et conditions, dont celle d'arrêter les activités le 30 avril.
- Pour la seconde phase de ces travaux d'acquisition d'information sur
la nature des fonds marins, qui nécessiteront des forages au coeur de
l'habitat des bélugas et occasionneront un bruit important, Pêches et
Océans Canada a délivré une autorisation sans soumettre le projet à ses propres scientifiques pour
qu'ils évaluent les risques. Selon des experts indépendants, étant
donné l’évaluation des risques contenue dans l’avis scientifique de
Pêches et Océans Canada pour les activités géophysiques, les
scientifiques ne pourraient que conclure que les activités de forage en
mai et juin ne peuvent être autorisées.
- Les travaux se dérouleraient alors que les femelles terminent leur
gestation et s'apprêtent à mettre bas. Le secteur de Cacouna est
considéré comme une pouponnière pour le béluga du Saint-Laurent, qui
connaît ces dernières années un déclin inexpliqué.
- Le secteur de Cacouna est compris dans l'habitat essentiel du béluga
du Saint-Laurent, identifié par l'équipe de rétablissement tel que
prévu par la Loi sur les espèces en péril (LEP). L'habitat essentiel est l'habitat minimum nécessaire pour assurer le rétablissement d'une espèce en péril.
Le projet de port pétrolier (point rouge) est situé dans une aire
de haute résidence (zone grisée) des bélugas du Saint-Laurent, comprise
dans l'habitat essentiel de cette espèce en péril. (Cliquez sur la carte
pour l'agrandir.)
- Les bruits élevés dans l'habitat essentiel du béluga soulèvent
plusieurs préoccupations: le bruit puissant amène le béluga à éviter
l'habitat, qui ne peut alors remplir ses fonctions essentielles; en
mai-juin, l'accès à la nourriture et aux habitats de qualité est
primordial pour permettre aux femelles de compléter avec succès leur
gestation; le bruit pourrait aussi affecter les poissons, sources de
nourriture des bélugas. Ces préoccupations sont particulièrement vives
dans le contexte de la fragilité actuelle de la population, qui a connu
récemment trois années de mortalités inhabituelles de nouveau-nés et
dont les femelles, depuis quelques années, meurent plus souvent au
moment de donner naissance.
- Trois experts indépendants
ont demandé la semaine dernière à TransCanada et Pêches et Océans
Canada d'annuler toutes les activités en cours et prévues dans la zone
de Cacouna. Ils estiment que les risques sont réels et majeurs, et que
ceux-ci ne peuvent être ramenés à des niveaux acceptables dans la
perspective où ces activités sont évaluées à la pièce, sans tenir compte
des impacts cumulatifs sur la population des bélugas. Ces impacts sont
susceptibles d'accélérer le déclin de la population des bélugas du
Saint-Laurent.
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