Ce qu'ils croyaient être une
sortie tranquille sur le fleuve s'est transformé en opération de
sauvetage. Ce qu'ils croyaient être un phoque était un homme en
détresse.
Ça s'est passé
le jeudi 18 juillet vers 11h sur le fleuve près des quais de la Davie.
Des kayakistes d'expérience du Club le Squall effectuaient une sortie
pour pratiquer quelques manoeuvres fraîchement acquises au cours d'une
formation. Yves Hamelin et Richard Turcotte étaient du nombre.
«On a aperçu quelque chose qui ressemblait à une tête de phoque.
Parfois, ils descendent jusque-là, raconte M. Hamelin. Soudain, on a vu
des bras qui sortaient de l'eau. Et ce n'était pas quelqu'un qui nageait
aisément. C'était comme s'il voulait s'agripper au quai.»
La seconde pensée qui lui est venue en tête était que leur formateur
avait peut-être voulu faire une simulation. En effet, ils avaient appris
une technique de sauvetage il y avait moins d'une semaine. «Comme je
réfléchissais à ça, la personne a arrêté complètement de bouger. On
était alors à quelques centaines de mètres d'elle», ajoute-t-il.
«Timing» parfait
Sans attendre, les deux kayakistes se sont dirigés rapidement vers ce
qui semblait devenir une véritable victime. «Il était couché face dans
l'eau comme un noyé, les bras et les jambes écartées. Nous nous sommes
positionnés de chaque côté. Je lui ai touché avec ma pagaie pour voir
s'il y avait une réaction. S'il avait été en panique, il aurait pu nous
faire renverser. Un secouriste qui veut secourir, il ne doit pas se
mettre en danger lui-même», rappelle M. Hamelin.
Les deux kayakistes ont saisi l'homme par le chandail pour le ramener en
sécurité sur leur embarcation. À ce moment, d'autres kayakistes du
groupe les avaient rejoints.
Leur formateur, Jonathan Chabot, a appelé la Garde côtière pour qu'elle
leur prête assistance. Pendant la vingtaine de minutes d'attente avant
l'arrivée d'un zodiac, l'homme avait repris connaissance et parlait à
ses sauveteurs.
«Dire qu'on avait pratiqué cette manoeuvre y'a une semaine sous le pont
de Québec. Jamais je n'aurais pensé l'utiliser aussi rapidement, lance
Yves Hamelin. Le timing était parfait. On passait cinq minutes plus tard
et on ramassait un cadavre», a-t-il réalisé.
Le lendemain du sauvetage, le fils de la victime les appelait pour les
remercier, visiblement ému. Les circonstances de la présence de l'homme
restent troubles dans l'esprit du kayakiste. Un bête accident ou un
geste volontaire? Peu importe. Pour lui, une chose demeure. «L'idée,
c'est qu'on a prêté assistance à une personne en détresse qui était sur
le point de se noyer par épuisement», conclut-il.