La carcasse d’un rorqual commun de 15 m de long fera l’objet d’un examen post-portem pour déterminer si la marée rouge du mois d’août dernier a contribué à sa mort. L’opération, coûteuse et nécessitant l’énergie et le dynamisme de nombreux partenaires, permettra également la récupération du squelette, qui rejoindra la riche collection du Centre d’interprétation des mammifères marins (CIMM) de Tadoussac. Il s’agit d’une occasion exceptionnelle de nourrir la fascination du public et de le sensibiliser à la beauté et à la fragilité des géants du Saint-Laurent.
Le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins a été avisé mercredi qu’une carcasse de baleine dérivait au large de Tadoussac. Des prélèvements génétiques et des photos d’usage ont alors été réalisés par le GREMM, qui poursuit un programme de recherche à long terme sur les rorquals communs de l’estuaire du Saint-Laurent. Mais ce rorqual commun présentait un intérêt particulier pour les partenaires du Réseau : il s’agit d’une occasion unique de vérifier si la floraison d’algues toxiques qui a marqué l’été 2008 a affecté un autre maillon de la chaîne alimentaire, celui occupé par les baleines à fanons. En effet, l’épisode de "marée rouge" enregistré au mois d’août dernier a causé la plupart des mortalités enregistrées pendant cette période : plusieurs milliers d’oiseaux marins, des poissons (éperlans, lançons, esturgeons), une centaine de phoques, au moins 10 bélugas et plusieurs marsouins communs. L’animal pourrait aussi avoir été heurté par un bateau. Si c’est le cas, cela n’exclut pas la possibilité d’une intoxication puisque la toxine produite par les algues rouges affecte le système nerveux et peut rendre les mammifères marins plus sujets aux collisions avec les bateaux.
La carcasse a donc été remorquée jeudi à la marina des Bergeronnes par la Garde côtière canadienne, assistée de l’équipe du parc marin du Saguenay-Saint-Laurent. Elle a été prise en charge par le GREMM, qui coordonne la complexe opération consistant à la transporter sur le site qui servira de laboratoire, soit la Ferme 5 étoiles de Sacré-Coeur. L’opération est rendue possible grâce à Pêches et Océans Canada, au parc marin du Saguenay-Saint-Laurent et à la Fondation de la faune du Québec.
Deux techniciens et une vétérinaire de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal procéderont à l’examen post-mortem pour documenter l’état de l’animal et la cause possible de mortalité. Les analyses pour déceler la présence de la toxine seront menées par Pêches et Océans Canada et l’Institut des biosciences marines du Conseil national de la recherche du Canada, à Halifax. L’équipe du GREMM, entourée de nombreux bénévoles, relèvera le défi de dépecer la baleine, pour ensuite nettoyer les os et éventuellement monter le squelette qui sera exposé au CIMM à Tadoussac. Un compte-rendu de l’examen et du dépeçage, opération qui devrait prendre deux jours, sera mis à jour sur cette page.
L’animal mesure 15 m et pèse environ 40 tonnes. Il s’agit d’une espèce abondante dans le Saint-Laurent. En ce moment, une vingtaine d’individus sont présents dans le secteur Tadoussac-Les Bergeronnes-Les Escoumins.