Kayak d’hiver – L’expérience d’une vie
MAXIME BILODEAU - Soumis le 6 Février 2019, 21:27

L’hiver, tout le Saint-Laurent est occupé par la glace. Tout le fleuve? Non. Et une poignée d’irréductibles kayakistes osent s’y aventurer avec leur embarcation.

S’aventurer en kayak sur le fleuve Saint-Laurent alors que des amas de glace y dérivent à perte de vue a quelque chose de franchement grisant. Quoi, exactement, je l’ignore – le sentiment est difficile à décrire. On a un peu l’impression de braver l’interdit, de brandir un doigt d’honneur au proverbial gros bon sens qui veut que « le Saint-Laurent [soit] dangereux l’hiver». À moins que ce ne soit la patience à laquelle confine la préparation d’une telle expédition? Patience qui, une fois récompensée, ramène directement aux Noëls de son enfance, à déballer des cadeaux devant le sapin ?

Si je me fie aux sourires – (presque) plus nombreux que les glaces – de la dizaine d’adultes majeurs et vaccinés en compagnie desquels je pagaie, je ne suis pas le seul à être fébrile. En ce dimanche après-midi du début d’avril, tous se sont donné rendez-vous au quai municipal de Cap-Santé, près de Québec. Cette sortie amicale – il faut évoluer autour de ce réseau tricoté serré de tripeux de kayak pour en connaître l’existence – est organisée chaque année depuis cinq ans par Jonathan Chabot et Patrice Boulay, de Formation Kayak Québec. «C’est un peu notre manière de lancer la nouvelle saison», m’expliquent-ils.
N’allez toutefois pas croire que la formule de l’événement est figée dans la glace (scusez-la !). La date de sa tenue de même que son lieu de départ et son itinéraire changent annuellement en fonction des conditions météorologiques et le couvert de glace. À quelques heures d’intervalle, il est encore possible de tout annuler, faute de conditions clémentes. Bref, il faut être prêt à composer avec les éléments et faire preuve d’une grande flexibilité, une qualité essentielle en kayak d’hiver.

De véritables passionnés

La récompense, toutefois, en vaut la peine. Sur le fleuve gelé, tous les sens sont en éveil. Les rayons de soleil, timides, rebondissent sur le paysage d’une blancheur diaphane, annihilant du même coup l’austérité chromatique de l’hiver. L’absence de son, frappante, n’est brisée que par le concert des pagaies qui fendent l’eau avec régularité. Le frisson qui nous guette se volatilise dès lors qu’on se met en mouvement. Même la vie prend une odeur différente: douce, avec des accents de vent du large

Si c’est souvent la curiosité qui attire initialement les kayakistes sur l’eau en plein hiver, c’est cette sollicitation des sens qui les fait y revenir. Paul Lavoie, directeur général de la Chambre de commerce de Sept-Îles, sur la Côte-Nord, se souvient de sa première sortie en kayak d’hiver. « C’était il y a trois ans, sur la rivière Saguenay, à la hauteur de Chicoutimi. J’étais seul en pleine tempête de neige, à la fin de novembre. Le coup de cœur a été immédiat», raconte l’homme de 40 ans. Depuis, il s’abonne chaque hiver au plus beau « gym » du monde : l’archipel des Sept Îles, où il pagaie toutes les semaines. «Préférablement tôt le matin, pour profiter du lever du soleil», précise-t-il.

Marco Weber chante la même chanson, sur un air à peine différent. «Pour moi, le kayak d’hiver est une manière d’étirer la saison et de pratiquer mon activité préférée toute l’année», fait valoir cet instructeur de kayak de mer longueuillois, photographe professionnel à ses heures. Selon lui, c’est de dénaturer la vocation première de l’embarcation nautique aux formes allongées que de se contenter de la chevauchée durant la saison estivale. «À l’origine, les Inuits l’utilisaient comme moyen de transport à l’année pour se véhiculer et aller à la pêche. Un kayak, c’est fait pour aller jouer dans la glace ! » lance-t-il

Il faut croire que peu l’entendent ainsi. S’il n’existe pas de statistiques officielles quant aux nombres de kayakistes d’hiver au Québec, tout porte à croire qu’ils sont peu nombreux. À Sept-Îles, Paul Lavoie affirme que leur nombre se compte sur les doigts d’une main. Au sud de Montréal, où Marco Weber pratique, ils sont un peu plus nombreux, mais à peine. «C’est véritablement une activité pour initiés. Il faut être très expérimenté pour être en mesure de la pratiquer en sécurité», estime le kayakiste de 46 ans.

Des obstacles nombreux

Les obstacles qui se dressent devant le kayakiste hivernal sont nombreux, à commencer par la mise à l’eau. Pendant la saison froide, la dérive des amas de glace reconfigure sans cesse les berges, où ils s’empilent, se retirent, disparaissent et reviennent au gré des marées, des courants et des vents. Résultat: le site de mise à l’eau qui était tantôt libre de glace en devient plus tard complètement recouvert, et vice versa. «Il faut faire du repérage dans les jours précédents et bien connaître le terrain. Avoir un plan B, C et D n’est pas une option», explique Marco Weber. Non, les descentes de bateau ne sont pas une option en plein mois de janvier…

Une fois sur l’eau, il faut garder à l’œil l’environnement changeant et hostile. À se rappeler : l’eau sur laquelle le kayak flotte flirte avec le point de congélation. Le dessalage, s’il survient, doit donc rapidement être suivi d’une manœuvre de récupération digne de ce nom, sous peine de perdre sa mobilité fine en moins de 10 minutes et de souffrir d’hypothermie avancée en 1 heure. «Même si on les réussit bien en été, ces manœuvres sont plus difficiles à réaliser en hiver, puisque le kayak est parfois recouvert de glace et que la ligne de vie est complètement gelée à la coque», souligne Marco Weber. Une formation de niveau 2 en kayak de mer, offerte par la Fédération québécoise du canot et du kayak, est donc un préalable.

Même sans contact avec l’eau, le froid ambiant reste contraignant. Pour ne pas geler comme un creton, Paul Lavoie multiplie les couches de vêtements. Sous son vêtement de flottaison individuel et sa combinaison étanche (drysuit), il revêt jusqu’à trois épaisseurs de vêtements techniques et chauds qu’il complète avec des mitaines, bas, chaussures et cagoule en néoprène. La seule partie exposée: son visage. « Avant de prendre le large, je m’immerge délibérément pendant une minute afin de mettre à l’épreuve mon choix vestimentaire. Mon but: ne pas ressentir le froid. Sinon, je me réajuste », dit-il.

Une facture qui refroidit

Attention, le kayak de mer hivernal peut se révéler onéreux. Si on veut se procurer une embarcation en plastique robuste adaptée à cette pratique, une balise de détresse qui établit un tracé satellite en temps réel et tous les autres accessoires nécessaires pour vivre à fond l’expérience, il n’y a pas à dire, ça peut coûter cher. «Il faut compter quelques milliers de dollars si on désire s’équiper de A à Z, prévient Marco Weber. Ce n’est pas donné ! » Pour s’y initier, on peut bien sûr s’informer auprès des quelques compagnies qui offrent ce service au Québec (voir ci-contre). Sinon, il y a toujours l’option de se faire inviter – comme l’auteur de ces lignes

Quoi qu’il en soit, c’est l’expérience d’une vie. Dans mon cas, par exemple, j’ai réalisé un rêve dont j’ignorais jusque-là l’existence: trinquer au champagne aux abords d’un mini-iceberg à la dérive! Vous ai-je dit que l’événement auquel j’ai participé se nomme Kayak on the rocks ?

Où le pratiquer

Équinox Aventure

L’entreprise saguenéenne spécialisée en tourisme d’aventure offre depuis l’hiver dernier des sorties guidées de kayak hivernal sur la rivière La Grande Décharge, près d’Alma. La présence d’un barrage hydroélectrique en amont du cours d’eau permet d’avoir accès à une section de 4 km qui ne gèle pas durant la saison froide. Prévoir une demi-journée pour l’aller-retour de 8 km.

www.equinoxaventure.ca

Enviro Kayak

Sous la direction du guide et propriétaire Michel Lajoie, cette entreprise, basée sur la Rive-Sud, dans la région de Montréal, organise des excursions en kayak de mer 12 mois par année. Elle pratique ses activités autant sur la rivière Saint-Jacques, à La Prairie, qu’autour du parc national des Îles-deBoucherville, dont elle est partenaire. Pour les citadins qui veulent l’aventure sur le pas de leur porte.

www.envirokayak.com

Katabatik

Les Charlevoisiens de Katabatik ont-ils vraiment besoin de présentation? Depuis maintenant 13 ans, l’entreprise guide des groupes de valeureux sur le fleuve Saint-Laurent, à la hauteur de Cap-à-l’Aigle. Les sorties de quatre heures proposées permettent de contempler de près la valse des glaces sur les eaux de l’estuaire. Mais sachez que la saison ne dure pas longtemps : de la mi-mars à mi-avril, la fin de semaine seulement !

www.katabatik.ca


Source: https://www.geopleinair.com/destinations/saisons/hiver/kayak-hiver-experience/
Soumis par: Stéphane
Catégorie: Milieu, Environnement
Lectures: 2273




Lien vers cette nouvelle: http://nouvelles.kayakdemer.net/?fct=vn&no=471

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