À partir du 15 juin, Mylène Paquette
va traverser, à la rame et en solitaire, l’océan Atlantique. Un défi de
5 000 km entre Halifax et Lorient, en France pour un projet qui lui a
demandé plus de 3 ans de préparation. Mais, en plus de ce challenge
sportif, elle doit aussi surmonter un autre défi tout aussi relevé :
trouver 45 000 dollars pour boucler son budget. Elle mène donc
activement une campagne de financement participatif sur internet via la
plateforme Fundo.ca. Entrevue avec cette navigatrice qui ne manque pas d’idées pour bien mener sa barque.
Pourquoi faire appel aux dons des internautes pour financer votre expédition ?
C’est un concours de circonstances. Cela fait plus de 3 ans que je
prépare cette traversée, mais il me manquait toujours des fonds pour
boucler mon budget. J’ai rencontré les personnes de Fundo.ca qui m’ont
conseillé d’utiliser le financement participatif. J’avais déjà fait
appel à la foule et j’avais pu récolter 5 000 $. Alors, pourquoi ne pas
le faire grâce à Internet ?
Quels sont vos besoins à moins d’un mois du départ ?
Les 45 000 dollars que j’espère récolter vont me servir à couvrir tout
un tas de dépenses. La liste complète est en ligne sur la page de
présentation du projet. Ce sont essentiellement des factures à payer,
pour de l’équipement, l’éolienne, le téléphone satellite… Tout coûte
cher. Rien que l’assurance, c’est 6 500 $ ! Mais beaucoup de gens, de
fournisseurs et d’équipements me font confiance. Ils ont compris que je
n’étais pas conventionnel.
Si je n’atteins pas l’objectif des 45 000 $, je partirai quand même,
mais cela va compliquer mon avenir. J’ai investi entre 92 000 et 100 000
dollars. Certaines personnes m’ont prêté de l’argent. Ce projet m’a
demandé beaucoup de sacrifices. J’ai connu des périodes difficiles, ou
je n’étais même pas capable de payer l’épicerie ou un ticket de bus pour
aller voir sa mère. Mais je ne me plains pas car je l’ai choisi.
Quels seront les « retours sur investissements » pour les donateurs?
Cela dépend du montant qu’ils auront donné. Cela va du remerciement sur
le site internet, à la gourde à l’effigie de la traversée, votre nom
sur le bateau, un appel en direct de l’océan. Enfin, pour ceux qui
auront donné 250 $, 50 petits canards vont m’accompagner à bord, pendant
la traversée, un par donateur. Beaucoup de gens voulaient que j’emporte
des objets porte-bonheur, des grigris, mais je n’avais pas forcément de
place pour tout emmener. Alors, j’ai eu l’idée de ces canards, pour
avoir un objet concret de leur implication dans l’aventure.
« Trouver des commanditaires est plus difficile que de traverser l’Atlantique ! »
Outre l’aspect financier, qu’est-ce que vous apporte cette campagne?
C’est une incroyable source de motivation. Voir que plus de 200
personnes ont pris part à la campagne de financement, c’est fascinant !
Cela me donne la force de continuer, de communiquer davantage sur cette
traversée. C’est un bon prétexte pour la partager au grand public.
Grâce au financement participatif, j’ai récolté, en un mois, plus
d’argent de particuliers, qu’en trois ans de démarchage auprès des
entreprises. Cela prouve que dans ce genre de cas, ce n’est pas les
commanditaires traditionnels, les entreprises, qui vont rendre possible
mon voyage, mais bien ces gens qui ont donné de l’argent sur Fundo.
Vous avez quand même réussi à embarquer des entreprises dans votre projet.
Oui, des commanditaires comme Cushe ou Bio-K+.
Certains se sont d’ailleurs mobilisés davantage, après le lancement de
ma campagne de financement participatif. Ils ont augmenté leur
implication en me redonnant de l’argent, certainement encore plus par ma
motivation. Trouver des commanditaires est ce qu’il y a de plus
compliqué, plus difficile encore que traverser l’Atlantique à la rame en
solo.
Ce mode de financement est encore marginal dans les expéditions. Est-ce une solution d’avenir ?
J’en suis convaincu. Ce n’est pas juste un effet de mode. C’est un
moyen pour fédérer le grand public autour d’un projet. Je pense qu’à
l’avenir, certaines expéditions ou aventures pourront être financées à
100% par le public sur internet. Surtout qu’au Québec, la commandite
n’est pas encore ancrée dans nos valeurs sociales. C’est même frustrant
de voir que les entreprises dépensent des fortunes pour les spots de
publicité, mais hésitent ou refusent de s’impliquer dans de tels
projets. C’est pourtant moins cher et cela amène une meilleure
visibilité, plus positive.
Encore plus
Son site internet pour suivre sa traversée de l’Atlantique : mylenepaquette.com
Pour lui donner un coup de main et l'aider à financer son projet : fundo.ca