(Pierreville) Le lac Saint-Pierre double de superficie au printemps. Ses eaux inondent champs et forêts que l'on peut, du coup, explorer en kayak. Pour une balade printanière pas comme les autres.«Plante bien ta pagaie par en avant, sinon tu vas rester coincée dans les branches d'arbres.»
Pagayer parmi les joncs, les nénuphars ou au milieu des rochers, rien de plus banal à bord d'un kayak de mer. Mais au milieu des branches d'arbres...
Sur le lac Saint-Pierre gonflé par la crue printanière, les kayakistes vivent pourtant cette expérience étrange: naviguer en plein sous-bois, au milieu des érables.
Pour Jean-Martin Lavoie, propriétaire de l'entreprise Alsiganteku, le printemps est le moment idéal pour découvrir la richesse du lac, reconnu depuis 2000 comme réserve mondiale de la biosphère par l'UNESCO. L'eau est encore froide? Oui, mais qu'importe. Les kayakistes restent bien au chaud dans des vêtements isothermiques en néoprène (fournis avec le prix de la sortie La Printanière).
«Le lac Saint-Pierre est la plus importante plaine inondable du Saint-Laurent. Au printemps, il double de superficie», explique Jean-Martin entre deux coups de pagaie. L'eau monte à un point tel que le lac envahi les forêts et les terres agricoles, transformant les berges marécageuses de la rive sud en un formidable réseau de baies et de chenaux navigables.
Depuis le début du mois, Alsiganteku (nom donné par les Abénakis à la rivière Saint-François) offre des virées guidées en kayak d'une demi-journée dans ce labyrinthe inondé. «À chaque sortie, le parcours est différent. Selon le niveau du lac, le paysage change vite.»
Une chose demeure toutefois: la saison est parfaite pour voir s'envoler grands hérons, colverts, canards pilets et autre oiseaux aquatiques venus nicher dans le bassin d'eau douce le plus en aval du Saint-Laurent. À la vue des kayaks, ils s'envolent, souvent en larges groupes. Les rats d'eau sont aussi des compagnons fréquents des sorties printanières. «Il y a deux ans, j'ai même vu un phoque qui se faisait dorer sur les berges.»
Lors de notre virée de la mi-avril, aucun phoque dans les parages (la chose est assez rare; une fois tous les deux ans peut-être), mais de l'eau à son plus haut niveau.
Le défi: manoeuvrer entre les joncs morts de l'automne dernier, qui flottaient à la surface des chenaux dans une masse dense, tel un tapis flottant. Les kayaks qui s'y aventuraient pouvaient s'y stopper net.
«Ces joncs pourraient être disparus demain, s'il soufflait un bon vent», explique mon guide. «Bientôt, les nouveaux joncs vont pousser, jusqu'à rendre les baies impénétrables. C'est ce qui explique que 90% du territoire du lac soit demeuré à l'état sauvage. À la mi-juin, l'eau sera trop basse et la végétation trop compacte; il faudra aller pagayer ailleurs.»
Son entreprise profite d'un vaste terrain d'exploration pour le kayak et la pêche: la rivière Saint-François et ses nombreux îlots, les îles de Sorel (une nouveauté pour cette année) ...
Mais en attendant, les chenaux du lac Saint-Pierre ont encore beaucoup à offrir. «En mai, les carpes viennent y frayer. Elles sont si grosses et si nombreuses qu'elles font des remous à la surface de l'eau.»
Le rêve pour ce kayakiste et pêcheur invétéré... D'ailleurs, Alsiganteku offre des forfaits de pêche en kayak, dont certains où il est possible de déguster, sur place, le poisson pêché (et apprêté par le guide).
L'entreprise propose même d'ajouter une touche gastronomique aux virées sportives, avec une dégustation de rillette d'oie, pâté de foie gras à l'hydromel, cidre pétillant, le tout savouré en pleine nature, au milieu de l'expédition.
La Printanière est offerte sept jours sur sept, deux fois par jour, sur réservation.
Prix: 48$ par personne (38$ pour les 15 ans et moins.) Supplément de 24$ par personne pour la sortie gastronomique.