Deux excellentes références indiquant ce qu'il faut tenter quand on se retrouve dans pareille situation (extraits ci-joints) :

1) River Rescue (Les Bechdel & Slim Ray) propose de nager vers une des extrémités pour être recraché, ou encore de nager vers le bas pour être expulsé par la lame de fond.

2) Kayak - The Animated Manual of Intermediate and Advanced Whitewater Technique (la bible écrite il y a ±30 ans par  William Nealy) parle aussi de la lame de fond, donc paradoxalement pour sortir d'un tel rouleau à rappel il faut nager vers le fond jusqu'à ce qu'on sente nos mains planter dans un courant moins aéré (je l'ai expérimenté ...).

marc b

Pour avoir vécu l'expérience tard un automne, fin de l'après-midi, alors qu'il passait un bon 30-40 cm d'eau sur le barrage de Nicolet je peux vous confirmer les dangers très réels de la chose. À environ 10 mètres du barrage un contre-courant m'a aspiré et je n'ai pas pu m'en défaire malgré tous mes efforts. On sent qu'on est cuit...rush d'adrénaline.  Le fort débit d'eau m'a renversé, je me suis retrouvé à l'envers dans un tumulte incroyable et j'ai évidemment dû m'expulser de mon kayak renversé.  Heureusement je ne l'ai pas lâché et je l'ai placé entre moi et la chute, ça m'a donné un répit, le temps de réaliser à quel point j'étais en danger. Il fallait à tout prix que je m'arrache de l'emprise et j'ai alors évalué n'avoir qu'une seule option: nager de toutes mes forces. J'ai poussé très fort sur mon kayak et me suis mis à nager frénétiquement sans regarder et j'ai tenu jusqu'à l'extrême limite de mes forces...pas facile avec une flotte, en passant. À bout de forces je me suis retourné et j'ai vu que j'avais réussi, le courant m'emportait en aval. Je me suis laissé flotter quelques minutes pour reprendre mon souffle et ai gagné la rive à la nage. Escaladé la falaise d'argile boueuse, traversé une digue à la nage encore, marché le champ pour atteindre la maison d'un cultivateur qui, ahuri de voir l'extraterrestre (wet, flotte, cagoule) m'a fourni un cable avec un crochet pour que je tente de récupérer mon kayak (neuf de quelques mois) qui tournait allègrement sur lui même dans la cascade. J'ai marché à travers champ et digue encore, tenté de l'accrocher sans succès, trop loin du bord. Ai refait le chemin jusque chez le cultivateur qui est venu me reconduire à la marina où j'avais laissé mon auto. Suis rentré, ai appelé un ami qui en a appelé un autre et on a pu trouver un des rares bateaux à moteur qui restaient sur la rivière en cette fin de saison. On est allé chercher mon kayak et non sans peine on a réussi à le gaffer, le tirer et l'attacher au bateau pour le remorquer plein d'eau jusqu'à la marina. On l'a vidé, je l'ai apporté à Pierre Tessier qui l'a vérifié avec minutie et l'a testé. Quelques éraflures mineures sans plus...mais Pierre qui savait que c'était mon premier kayak et que je voulais partir en expé avec sur la côte Nord n'a pas voulu que je reste sur cette mauvaise impression et...il m'en a fait un autre.

Pour finir j'ai eu droit à une engueulade salée de l'ami venu m'aider...il avait déjà été chargé de récupérer le corps d'un noyé au même endroit quelques années auparavant. Par la suite, en me renseignant sur ce genre de barrage, j'ai aussi lu l'idée de nager vers le fond pour s'échapper par le bas...bonne chance...pas sûr que tu vas avoir envie d'enlever ta flotte pour plonger. Je connaissais le barrage et l'avais souvent approché en été alors que le niveau d'eau qui passe dessus était bas. L'eau était glacée mais je portais du polar sous un wet long john avec un wet shortie supplémentaire qui doublait le néoprène sur le torse. Cagoule et gants je n'ai pas eu froid un seul instant...content d'avoir respecté la règle qui veut qu'on s'habille en fonction de la température de l'eau.

Salutations,

Frank

Salut Stéphane,

 moi j'ai accroché dans le rouleau entre les iles à Chambly, cet endroit où tu t'es bien amusé...

 C'est certain qu'une fois retourné, la situation était sous contrôle, mais avant d'esquimauter j'ai pris le temps de goûter à l'effet de rouleau et je suis convaincu que je serais resté captif indéfiniment si je n'avais roulé, pendant de longues secondes j'ai pu constater la force du rouleau, je me sentais vraiment coincé dedans.

 Samedi dernier, dans le chenal du fleuve à Deschaillons, j'ai été me placer derrière une bouée, environ 1 mètre derrière, immédiatement j'ai été aspiré et mon kayak a été se coller à la bouée, j'avais l'impression qu'elle ne voulait pas me laisser aller, j'ai eu besoin de donner un bon coup de pagaie pour me libérer.

 Le contre-courant apporte beaucoup de plaisir au kayakiste expérimenté, mais  malheureusement il cache un danger important pour ceux qui ne s'en méfient pas...

 J-C

Vos récits pourraient sauver des vies messieurs, merci beaucoup d'avoir partager vos expériences respectives.

Zyl